Entierement d'accord avec l'excellent article de Eric FOTTORINO (Le Monde - 15 Sept 2005, lien : http://abonnes.lemonde.fr/web/article/0,1-0,36-689404,0.html)).
J'espere que cette hausse de pétrole va enfin entrainer des changements de comportements. Je souhaite que la cherté du pétrole va rendre plus rentable des options négligées.
Marre de voir des artères parisiennes bouchées par des voitures avec un seul passager.
Marre de voir les gens se comporter comme si le droit a la voiture etait dans la Constitution.
Marre d'entendre a nouveau parler de ferroutage, solaires... sans actions
Mais que la collectivité joue le jeu et offre de réelles alternatives de transport.
Quelques passages : de "Cher pétrole, par Eric Fottorino
LE MONDE | 15.09.05 | 13h21 •
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Que se passerait-il lorsque nos réserves seraient épuisées ? Le remue-méninges était à l'ordre du jour. Le ciel se tapissait de coûteux avions prétendument renifleurs, signe que la crise n'empêchait pas les rieurs de rigoler ni les aigrefins de prospérer. Des types venaient sérieusement le soir à la télé nous dire qu'il fallait régler la température de nos maisons à 19 degrés, bien fermer nos fenêtres pour ne pas chauffer les courants d'air, distribuant quantité d'autres conseils dignes du manuel des Castors juniors. On n'avait pas de pétrole mais, côté ruses et astuces, on carburait à plein régime.
Les années ont passé. Et même les décennies, puisqu'on n'arrête pas plus le temps que le progrès. Des guerres ont éclaté, y compris dans le Golfe. Et, ô surprise, les prix du baril sont longtemps restés faibles et stables. Si stables que la mondialisation des marchandises et des touristes a pu s'imposer avec éclat. Grâce à l'énergie bon marché, on n'hésitait guère à envoyer des crevettes de Norvège se faire décortiquer dans le Maghreb avant de les rapatrier prêtes à consommer sur les tables d'Oslo.
Puisque le kérosène détaxé depuis belle lurette était économique, on offrait pour rien ou presque le Zambèze plutôt que la Corrèze à des hordes de voyageurs. Les compagnies se livraient la guerre des prix dans un climat d'énergie abondante et pas chère.
On parlait parfois de suréquipement nucléaire. On se gaussait devant les efforts de quelques irréductibles, rêvant d'imposer ici les éoliennes, là les panneaux solaires. Si Bruxelles encourageait les productions de carburants bio, on comprenait que l'éthanol n'était pas près de concurrencer le pétrole. Les céréaliers avaient bien tenté de fourguer leurs excédents dans les réservoirs des voitures du futur. Mais les pétroliers n'ont jamais vu cette substitution d'un très bon œil, estimant que l'avenir de la bagnole était encore et pour longtemps le pétrole.
Des gisements jugés non rentables à un certain prix du marché peuvent devenir très attrayants lorsque le brut atteint des sommets, comme c'est aujourd'hui le cas. Face à la flambée, les esprits se remobilisent pour rechercher les énergies alternatives, renouvelables, pas ou peu polluantes. On reparle de voitures électriques ou mixtes, essence-électricité. On imagine de semer à foison des champs d'éoliennes avec le souci de ne pas défigurer les paysages et d'éviter aux riverains une gêne sonore liée aux ultrasons des hélices. On rêve de pompes à hydrogène supplantant les pompes à essence. On guette la tentative de tour du monde d'un milliardaire suisse à bord d'un avion ultraléger mû par l'énergie solaire (décollage en 2008).
Et si la meilleure manière de stimuler l'innovation, de préserver l'environnement, était de garder un pétrole cher ?
éric fottorino
Article paru dans l'édition du 16.09.05"